• L'erreur

    Par Bertrand Duhaime

     

    L’ERREUR?  MAIS IL N’Y A JAMAIS D’ERREUR!

    L’erreur traduit un jugement mental qui tient pour vrai ce qui est faux et inversement ou il désigne l’action regrettable, maladroite, déraisonnable, comme l’écart de conduite ou la transgression d’un principe ou d’une norme.  Sauf que la notion d’erreur ne sert qu’à culpabiliser et à atténuer l’estime de soi quand nul ne peut atteindre la perfection sans répéter les expériences.

    La majorité des gens ont peur du mot «erreur» parce qu’ils se culpabilisent fortement de leurs faux pas, pour avoir reçu une éducation morale trop rigide ou pour avoir développé un sens exagéré de la perfection.  La première chose à comprendre, à propos de l’erreur, c’est qu’elle constitue une part inhérente et inéluctable de l’apprentissage.  Comment un être peut-il entrer dans un Monde de dualité, où il vient s’incarner pour mieux se connaître dans sa totalité, donc pour explorer ses potentialités, à partir du point zéro de l’oubli, entre les limites ultimes des ténèbres et de la Lumière, et récupérer sa pleine conscience sans faire la moindre erreur ?

    Disons-le clairement, à son plan actuel de conscience, aucun être humain ne peut venir explorer le monde terrestre, ce qu’il fait par tâtonnements, sans se tromper un jourerreur ou l’autre.  Et tant mieux, s’il se trompe souvent, c’est signe qu’il s’investit dans l’expérience, au lieu de ne rien faire, retenu par ses complexes de culpabilité ou par son amour-propre !

    L’erreur se définit comme l’acte de l’esprit qui tient pour vrai ce qui est faux ou l’acte concret qui est erroné par rapport à une norme.  Ce dernier mot de «norme» importe, car il faudrait savoir qui l’a établie.  Dans des mots plus simples, on pourrait dire que l’erreur, c’est le fait de mal agir ou d’agir moins bien qu’on pourrait le faire.  En métaphysique, on définit l’erreur comme l’acte partiellement manqué d’un être en évolution qui, loin de mériter une punition, mérite d’obtenir une occasion de comprendre et de se corriger, pour parvenir à mieux agir dans la suite.  On dit encore qu’il s’agit d’un faux pas d’un être engagé sur le Sentier évolutif, acte dont il doit tirer une leçon de vie salutaire, donc qu’il gagne à convertir en apprentissage spirituel.

    Wilhelm Busch disait : «Qui ne fait rien ne commet pas d’erreur.»  Et le Maître Janakanandâ disait avec humour : «Il vaut mieux faire quinze erreurs par jour que de ne rien faire, car, au moins, on apprend quelque chose.»  Dès lors, ne convient-il pas de dédramatiser les faits et d’apprendre à rire un peu de soi ?  Car l’important, ce n’est pas de porter toute son attention sur une erreur, mais de comprendre pourquoi on l’a commise, ce qu’elle peut apprendre des limites qu’elles précisent et ce qu’on peut en faire pour grandir spirituellement.

    En réalité, l’erreur ne résulte jamais d’une ignorance complète, mais d’une connaissance limitée.  On entend par là qu’elle exprime une vérité qui reste partielle.  Ainsi, l’être humain n’avance pas sur la Voie évolutive d’erreur en vérité, mais d’une vérité partielle à une vérité plus grande, jusqu’à ce qu’il comprenne la vérité parfaite.  Voilà qui situe les faits dans leur juste perspective et évite qu’il sombre dans la déception et la tristesse chaque fois qu’il ne se sent pas à la hauteur d’une norme.  Ce qui importe le plus, par rapport à une erreur, ce n’est pas ce qu’on a fait, mais comment on s’en amendera, comment on agira plus sagement dans l’avenir.  La désolation, par rapport aux faits du passé, n’est rien d’autre qu’une réaction stérile.

    En regard de l’erreur, ce qui serait vraiment involutif, ce serait de savoir qu’une chose n’est pas vraie, mais de l’affirmer quand même, ou de savoir qu’elle ne donne pas les résultats escomptés, mais de la faire quand même.  Bien qu’encore là, on pourrait trouver une explication valable à une telle attitude ou à un tel comportement.  Quand on persiste à commettre une erreur, c’est qu’on n’a pas encore complètement intégré un principe.  On peut le connaître dans sa tête, mais il peut y être resté, ne pas avoir descendu dans son cœur et ses tripes, ce qui fait qu’il ne suscite pas encore son adhésion, ni la motivation plus adéquate de mieux agir.

    Même en répétant ce qu’on pense être une erreur, on prend une bonne décision, car on se permet d’approfondir les notions de l’ordre, de l’harmonie, de l’équilibre.  Chaque fois qu’on n’atteint pas le but visé, on apprend au moins qu’on peut encore faire mieux, comme ce qu’il ne faut plus faire ou répéter.  À force de se faire mal ou de se faire du tort, on finira bien par comprendre.

    En fait, l’erreur n’existe pas, pas plus que le péché, du reste.  Il n’existe que des expériences plus ou moins bien réussies, plus ou moins bien imprégnées de conscience ou de lumière.  Au fond, dans l’erreur, on ne trompe jamais que soi-même.  Alors, on peut la percevoir comme une expérience heureuse qui appelle à trouver une nouvelle solution en ouvrant davantage sa conscience.  L’être humain s’est incarné pour expérimenter, ce qui lui donne un droit plénier à l’erreur.  Expérimenter signifie agir à tâtons pour découvrir, manifester ses créations mentales pour en étudier les résultats, apprendre de façon progressive à travers ses actions.

    Sur Terre, le chantier de la vie se présente comme une école d’expérience où l’être humain apprend par essai et erreur, donc par erreur et réussite.  Au plus profond de lui, il ne désire rien  moins que de faire des erreurs puisqu’il désire affiner sa technique de création.  C’est son mental qui l’amène à se culpabiliser, pas son âme, qui est compassion incarnée.  Qui hésite trop, par crainte de faire une erreur, ne va jamais bien loin, ne réussit jamais grand-chose.  C’est par ses erreurs que l’être humain progresse le plus.  Quand on se fait du bien, on peut s’y complaire.  Il est probable qu’il en soit autrement du mal qu’on se fait, à moins qu’on soit masochiste.  Le discernement appelle à établir un juste milieu : une trop grande prudence agit comme un frein à l’évolution; le manque de prudence conduit à l’inconscience et à la témérité, ce qui menace également l’évolution.

    L’expérience créatrice se déroute ainsi : on commet un acte, on en observe les résultats ou les conséquences, on mesure son degré de succès, on corrige ce qui n’a pas fonctionné.  Puis on recommence et recommence, jusqu’à ce qu’on réussisse à la perfection.  Où se loge l’erreur dans ce processus inéluctable de l’apprentissage.  Bien sûr que le perfectionniste en sera frustré, lui qui veut toujours aller vite et réussir du premier coup.  Mais hélas, ce n’est pas toujours le cas, et il faut s’y faire, avoir la patience de ses limites, sans toutefois se complaire en elles.  Dans ce processus, la plus grande erreur, ce n’est pas de commettre des erreurs, mais de ne pas respecter sa vérité en choisissant d’appliquer celle des autres.

    En effet, quelles que soient ses croyances ou ses certitudes, il faut les respecter, en restant ouvert à de nouvelles façons de voir les choses, si elles peuvent apporter plus de joie et de bien-être, car c’est ainsi qu’on reste soi-même et près de soi, évitant de se dépersonnaliser ou de vivre par procuration.  Le besoin constant d’approbation et de validation, de la part des autres, témoigne d’une faiblesse d’esprit ou d’un manque d’estime de soi, ce qui coupe le contact avec son être profond.  Bien qu’il soit gratifiant de se sentir approuvé, il faut éliminer ce besoin pour garder sa foi en soi-même.  En suivant sa vérité, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais on affirme au moins sa différence, apportant sa juste quote-part à l’expérience de la créativité collective.

    Au premier chef, au-delà des apparences, l’erreur n’est rien d’autre qu’une fausse vision temporaire, une vérité partielle, mais jamais la cécité ou l’obscurité complète.  Chaque erreur conduit progressivement à la Vérité totale ou absolue.  C’est un défaut provisoire de conformité ou de jugement par rapport à l’Être ou à la Réalité ultime, non une absence complète de conformité.  Cela n’invite pas à commettre délibérément l’erreur.  Toutefois, dans la dynamique de la découverte de la Vérité absolue, l’erreur tient la même place, en regard de la vérité, que la nuit tient, dans une journée, par rapport au jour.  Le juste milieu se découvre dans l’exploration des extrêmes.  Le jour est-il mauvais ?  La nuit est-elle mauvaise ?  Chacun de ces éléments de la journée détient sa fonction propre, ni plus ni moins.  Aussi, l’erreur ne doit-elle jamais attenter à sa paix d’esprit.  On doit plutôt la ranger au nombre des expériences utiles et irrécusables, non s’en servir pour diminuer sa confiance en soi ou pour réduire son sens de la dignité.

    Un être sain peut se frustrer d’une erreur, mais jamais il ne se peinera au point de se désoler, de se culpabiliser, de s’inférioriser de ce qui n’est qu’un trébuchement sur la Voie de l’apprentissage.  Les regrets et les remords, fondement de la culpabilité, sont des pièges insidieux et stériles du mental tyrannique, qui se masque derrière les apparences de la bonne conscience.  Par ses erreurs, un sujet se révèle les faiblesses qu’il porte encore, ce qu’il manque encore pour maîtriser son plein pouvoir.  Mais, il n’est pas l’erreur qu’il a commise, d’où il ne doit pas s’identifier à elle.  En lui-même, il est un être parfait qui n’a pas encore tout redécouvert de lui-même.  Après une erreur, il garde toute sa pureté originelle d’enfant qui s’amuse à se redécouvrir.  Par son erreur, il découvre la direction lumineuse qu’il doit prendre par rapport à une autre direction qui est plus ombreuse.  Inutile de porter un jugement de valeur sur l’une ou l’autre direction.

    Dans sa compassion, Janakanandâ faisait remarquer : «C’est par manque de connaissance, par manque d’attention ou par manque de jugement qu’on commet une erreur.  En repensant à l’action qu’on a posée, on peut découvrir la raison de son erreur et on comprendra qu’on a agi de la bonne façon, malgré les apparences.  Alors, si on accepte sereinement les conséquences de son geste, on surmontera plus facilement l’état de fait et son état d’être, préférant amender sa conduite à se chagriner.  Mes amis, l’erreur porte sa part de Lumière dans la mesure où on se permet de grandir dans l’usage qu’on en fait.  Ceux qui refusent d’agir, de peur de commettre une erreur, retardent grandement leur évolution.  Mieux vaut agir, dût-on commettre cinquante erreurs par jour, que de ne rien faire, bloqué par la peur.»

    Pour sa part, Omraam Mikaël Aïvanhov avait dit avant lui : «Je peux vous prouver que toutes les erreurs, tous les événements fâcheux, proviennent de ce que l’homme n’a pas ajusté ses relations avec le centre, avec Dieu lui-même.  Et même ceux qui cherchent Dieu ne savent pas le chercher, ils le cherchent abstraitement, de façon désordonnée.  Il faut le chercher dans les trois mondes, il faut que les trois mondes soient harmonisés.  Dans le plan physique, le centre, c’est le soleil; dans le plan spirituel, c’est le Christ ou l’Âme universelle; et dans le plan divin, c’est Dieu lui-même.»  Ce commentaire laisse entendre que, suite à une erreur, il convient mieux de mener la quête qui ramène à son centre que de se désoler.

    Puisque cela rassure de savoir ce que les Maîtres enseignent au sujet de l’erreur, ajoutons cet avis de Sri Aurobindo : «En fait, l’erreur est une demi-vérité qui trébuche à cause de ses limitations; souvent, c’est la Vérité qui porte un masque pour s’approcher de son but sans qu’on la voie.»  Et il s’empressait d’ajouter : «Il est évident qu’il ne faut pas commettre une erreur dans l’intention de l’extérioriser, ni l’accepter une fois commise;  mais si elle se produit, il faut en profiter pour changer.»  Pour avoir lu plusieurs œuvres de ce Guide spirituel, nous comprenons qu’il veut dire qu’il faut éviter de commettre délibérément l’erreur, éviter de se formaliser si on en commet une, mais en profiter pour tirer sa leçon.

    Satprem, un autre Guide spirituel, disciple d’Aurobindo et de la Mère, renchérissait : «La bataille de l’évolution ne consiste pas à ne jamais se tromper, mais à saisir toutes les occasions dans le sens vrai.  Alors on est toujours dans le Sens, par n’importe quel détour.  C’est le besoin de vérité qui crée la vérité, c’est le besoin d’un autre air qui crée le prochain air évolutif…» Le faux-pas de l’erreur n’amène pas à régresser, à reculer, si on en fait un bon usage, il prépare un meilleur avenir en rendant plus circonspect et prudent.  Celui qui trébuche ne dégringole pas forcément au pied de la colline.  En général, il tombe là où il est et il n’a qu’à se relever, à panser sa blessure et à reprendre sa route.  À quoi lui servirait-il de se mortifier des heures avant de songer à repartir ?  Bien utilisée, chaque erreur peut servir d’expérience pour affirmer un plus grand savoir.  Il faut savoir se pardonner au lieu de s’apitoyer sur son sort et de mourir avec elle.

    Quelle prodigieuse invention divine que l’erreur qui motive à poursuivre l’idéal, en stimulant à l’action, afin de se rapprocher toujours plus de la Maîtrise totale !  Ne donne-t-elle pas le goût de sortir de l’ombre, de l’illusion, par la douleur ou la souffrance qu’elle engendre ?  Car on peut toujours se reprendre pour mieux agir.  Ne révèle-t-elle pas simplement qu’on cherchait, soit au mauvais endroit soit un faux bien ?  N’exprime-t-elle pas uniquement qu’on avance sur un territoire mal éclairé où on devrait mettre plus de Lumière ou dont on devrait s’écarter ?  Un vieux proverbe hindou va comme suit : «Ce par quoi tu tombes est cela même par quoi tu t’élèves.»  Pris entre ses faiblesses et son aspiration vers l’Infini, l’homme se désespère et se déchire vainement.  Le premier principe de la Sagesse requiert qu’on sache s’aimer et s’accepter comme on est, ce sans quoi on ne peut progresser.

    Inutile de lutter contre ses faiblesses, de réprimer ses désirs, de pleurer ses erreurs.  On doit plutôt veiller à repérer en soi ses tendances obscures, saisir leur fonctionnement mécanique et compulsif, les suivre jusqu’à leur racine, dans la dernière sédition, en les offrant à la Lumière qui se chargera de les dissoudre d’elle-même.  Mais il faut demander cette harmonisation, si on veut qu’elle se produise, car, du fait qu’on est libre, rien ne peut se passer sans sa permission.

    Toute erreur doit être observée dans le détachement.  Elle n’est rien d’autre qu’une défaite personnelle apparente, qui peut instruire, si on en fait bon usage.  Et ce n’est pas faire l’apologie du mal que de parler ainsi.  Il s’agit de comprendre que rien ne peut être assimilé et intégré sans passer par les termes complémentaires, apparemment opposés, de la polarité, au niveau de la dualité ou de l’incarnation.  Sur Terre, chacun reste un être en évolution en potentiel d’accomplissement parfait.

    S’accepter comme on est, ce n’est pas lâcher la bride à toutes ses pulsions, ni se glorifier de ses erreurs, ni prendre ses échecs pour des réussites.  Mais il faut bien comprendre qu’on nourrit et amplifie ce sur querror-erreuroi on focalise son attention.  Quand on cultive un jardin, on n’accorde pas ses soins aux «mauvaises herbes», ce qui les amènerait à proliférer, on accorde ses soins à ses fleurs ou à ses plantes potagères.  Dans la vie courante, il en va de même : l’amour qu’on s’accorde, avec l’attention qu’on porte à ses qualités et à ses réussites, constitue l’essentiel de l’œuvre alchimique.

     On a du mal à comprendre de tels propos parce qu’on a été déformé par une éducation trop moralisatrice dans son passé.  On attirait toujours son attention sur ses faiblesses, en faisant une sévère critique, mais très peu sur ses qualités.  Agir au meilleur de soi constituait la norme et le critère, ce qui était dû à sa famille, à son milieu, à l’église et à la société.  Ainsi, on soulignait rarement sa bonne conduite.  Mais s’il arrivait qu’on fasse une erreur, là, on se faisait tomber dessus, certain d’entendre parler pour longtemps de sa mauvaise conduite, quand elle n’était pas exposée à la parenté et au public.  Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, même devenu un adulte autonome, on accorde tant d’importance à ses erreurs.  Pourtant, Dieu n’en juge même pas, préférant s’en amuser, comme les parents s’amusent de la maladresse d’un tout jeune enfant.  Dieu laisse agir sa loi de Causalité, qui ne vise jamais à punir, mais à amener à comprendre et à s’amender.

    En vérité, l’erreur est le levier du salut, car elle oblige à reconnaître ses illusions.  D’un quart de vérité, on passe à la demi-vérité; de la demi-vérité, aux trois quarts de vérité; des trois quarts de vérité, à la vérité.  Et de vérité en vérités, on accède finalement à la Vérité ultime qui illumine tout son être.

    La pire erreur, c’est la peur de commettre des erreurs et d’éviter d’expérimenter.

    ***

    L’erreur de la répudiation désigne la séparativité.

    L’erreur des astronautes réfère à l’impair de celui qui, faisant l’important ou se gaussant de sa science, veut aider un autre, mais sans réussir à percevoir clairement son monde intérieur.  Alors, ne pouvant le rejoindre dans son âme ni dans son projet évolutif (son plan de vie), il lui suggère de mauvaises solutions de vie.  Bien qu’infime au départ, son erreur de perception peut grandir de jour en jour et lui masquer de plus en plus les besoins réels de celui qu’il tente d’aider.  Malgré ses bonnes intentions, par ses suggestions ou ses conseils, il ne réussit qu’à l’emprisonner davantage dans son problème ou sa difficulté.


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  • Un choix qui dérange

     

     

    Par Bertrand Duhaime

    COMME UN CHOIX TRÈS SIMPLE, CERTES PERTINENT, MAIS ANODIN, PEUT DÉRANGER!

     

       Amis lecteurs, je n’en reviens pas de constater à quel point dérange tout avis signalant que je m’apprête à faire du ménage dans ma lise d’amis virtuels d’un réseau social, notamment sur «Facebook» pour en éliminer les inscriptions indésirables ou inactives.  Pourtant, d’autres amis m’ont déjà fait parvenir des avis semblables, pour ajuster et raccourcir leur liste, sans que je crie à l’injustice, à l’imposture ou au scandale.  Mais voilà que, chaque fois, donc annuellement, on m’affuble de nombre d’étiquettes peu flatteuses, les dernières en date faisant de moi un «diviseur», un «séparateur», un «suspicieux», un «élitiste» et, pire, un «narcissique», comme si je n’avais pas le droit à mes propres choix, et sans explication.  Et si je me permets de poser quelques questions à des gens qui soumettent une demande d’amitié, mais qui ne fournissent peu de renseignements sur eux-mêmes sur leur propre mur, s’identifient par un pseudonyme ou ne présente coup-de-balaipas de photo personnelle, malgré les dangers d‘arnaque et de parasitage, je deviens un type indigne d’enseigner la spiritualité, parce que je n’accepte pas d’emblée tout le monde.   Lorsque je réinsère annuellement cet avis, sur des semaines, il ne se passe pas un jour sans qu’on me fasse un procès d’intention.

       Si j’ai bien compris l’intention de «FB», c’est de fournir à ceux qui le désirent une plateforme leur permettant d’exprimer, sur un babillard personnel, leurs pensées et leurs ressentis sur divers sujets, et de le gérer à leur convenance, dans la mesure où ils respectent les règles du réseau social.  Mais, souvent, lorsqu’on tente de faire comprendre à une personne qu’on détient ce droit de gérer à sa manière son babillard, celle-ci accuse d’imposture ou crie à l’abus.  Or le droit de gérance contient, ce me semble, celui de préciser ce qu’on y accepte et ce qu’on y refuse, même si on devait avoir tort.  N’est-ce pas pour cela que le réseau offre la possibilité de supprimer des amis virtuels perturbateurs, de supprimer des messages qui ne correspondent pas à ses intentions, à sa ligne de pensée ou à son mode de conduite, même de porter plainte contre les fauteurs de trouble?    Mais, si la personne blessée ne gagne pas son point, elle accuse de partialité, de fuite dans la facilité, de refus d’accepter la dissidence et la contestation, d’omission de s’ouvrir au dialoguecolère-dispute-2, d’impossibilité d’élargir ses horizons,  comme si le blogueur devait tolérer sur son babillard tous les traitements jusqu’au manque de respect dans des propos inacceptables.  Pourtant, il me semble que sur son babillard, chacun peut inclure ce qu’il veut, chaque visiteur de passage restant libre d’en faire ce qu’il  veut ou de ne pas y revenir, s’il n’est pas d’accord.   Comme il doit être en droit, sans se justifier ni s’attirer d’insanités, d’y édicter les règles par rapport à ce qu’il accepte et refuse.

       Bien que je préférerais passer le cas sous silence et que je ne veuille en rien devenir déplaisant et, surtout pas faire d’amalgames, je dois admettre que, au chapitre des insultes et des injures vulgaires ou osées, avec les jeunes universitaires de presque tous les pays, les Français et les Belges remportent la palme de l’audace et de l’irrespect, profitant de l’anonymat de la Toile mondiale pour se défouler, probablement inconsciemment pour se libérant de l’éducation trop contraignante qu’ils ont reçue dans leur enfance et des mœurs de leur société dont, devenus adultes, ils ne sont pas parvenus à contester publiquement les règles, pour les assouplir.  Et ce n’est pas trop facilement généraliser que de le dire, j’en sais quelque chose, pour avoir fréquenté plusieurs blogs internationaux, du fait que je lis ou comprends plusieurs langues.  Les Arabes francophones ou francophiles peuvent également s’en permettre, mais il est plus facile de faire appel à leur conscience.  Voilà que je m’expose à me faire décocher quelques nouvelles flèches ou à me faire lancer d’autres couteaux, n’est-ce pas?

       Mais, pas de panique, amis européens, je sais très pertinemment que vous ne détenez pas le monopole du manque de respect et du ridicule, qui ne tue plus, mais que tous les peuples et toutes les nations portent leur part de grandeurs et de faiblesses, même que les défauts des uns ne sont pas pires que ceux des autres.  Comme on dit, il faut de tout pour faire un monde et tous les goûts sont dans la nature.  En outre, loin de m’agacer, ce comportement de votre part m’amuse au plus haut point, ce qui m’amène, en pareil cas, à jeter de l’huile sur le feu pour bien saisir jusqu’où vous pouvez aller dans la mesquinerie.  D’autant plus qu’il me sert aujourd’hui à attirer l’attention sur vos écarts de langage, souvent colorés d’apparente supériorité et truffés de préjugés sans fondement, et à rappeler certains principes de vie reliés à l’application de la loi de l’Amour pur et de la Liberté individuelle.  En cela, la liberté ne confère pas le droit de tout faire, mais celui de choisir les meilleurs moyens de concrétiser un but amoureux, dicté par son idéal de vie.

       N’empêche qu’il n’y a rien de plus odieux que de servir de défouloir après avoir exprimé des propos simples en toute sincérité et en toute pureté d’intention, pour ne pas dire en tout savoir, mais qui agissent comme la dernière goutte faisant déborder le vase d’amertume d’autrui.  Ce qu’il y a d’injuste et d’infantile dans cette situation, c’est que celui qui les a émis attrape toute la charge émotive, alors démesurément agressive, de celui qui se défoule des non-dits qu’il aurait dû, au moment opportun, exprimer à ces autres qui l’ont frustré ou agressé avant lui.

       Pour ma part, je ne comprends plus jamais qu’une personne qui déverse son trop-plein d’amertume, pour s’être trop retenue dans le passé, ne comprenne pas que si les propos d’un autre la dérangent, il doit y avoir une raison, qui n’est pas forcément la plus limpide ou la plus intègre, dans l’effet de miroir.  Car ce qui dérange dénote un manque d’équilibre plus ou moins conscient sur un point précis.  En effet, celui qui a confiance en lui et sait se mêler de ses affaires ne cherche pas à s’impatroniser dans  l’univers d’autrui, même quand tout le monde bêle ou aboie.  Je ne comprends pas davantage que, à notre siècle, alors que l’être humain se dit intelligent et civilisé, il ne comprenne pas que qui juge se juge.  Car rien ne peut déranger ce lui qui ne porte pas l’équivalent agréable ou désagréable de ce qu’il appuie ou dénonce.  Inconsciemment, dans l’échelle des valeurs, celui qui juge se place en un point d’apparente supériorité.  Et il n’y a pire redresseur de torts que celui qui juge sans se rendre compte qu’il se juge lui-même en jaugeant autrui, ce qui lui permet de projeter innocemment ses propres torts sur autrui, souvent en les amplifiant dans une tentative de se cacher sa vérité dans la mesquinerie.

       Si chacun avait assez d’estime personnelle et de confiance en lui-même, il dirait toujours à qui de droit, sur le champ, mais sans accusation, ce qui l’indispose ou l’agresse, de sorte que personne ne deviendrait par la suite le malheureux catalyseur de ses émotions refoulées ou le déclencheur de propos injustement malveillants ou d’une logorrhée d’insultes ne traduisant que les préjugés aberrants d’un être irresponsable et haineux qui s’abandonne à ses réflexes malsains dès qu’il il piqué dans son amour-propre.

       Il n’y a rien de plus malaisé que de tenter de plaire à tout le monde, car on ne parvient jamais qu’à déplaire au plus grand nombre.  Et il n’y a rien de plus futile que de tenter de plaire aux autres avant de se plaire à soi-même.  Quand on l’a compris, on fait ce qui est en accord avec son cœur ou sa conscience et, pour le reste, on se fiche des autres.  Si on fait ce qui est en accord avec soi, on se réconcilie avec soi-même et on plaît à ceux qui nous aiment vraiment, car, d’emblée, ils acceptent qui on est tel qu’on est.  Si on tente de plaire aux autres à tout prix, on perd son harmonie intérieure, on se tend et on se dévitalise, n’étant pas conforme à ses propres désirs ou à ses besoins, déplaisant aussi souvent à ceux qui, dans son entourage, ont de l’estime pour soi.  Ainsi, on n’est plus bien en soi et on n’est plus en symbiose avec ceux qu’on apprécie, mais qu’on a dérangés.  Cela fait beaucoup de malheureux pour rien.

       Mieux vaut se plaire à soi-même et recevoir l’assentiment de ses pairs que de tenter de plaire à tout le monde, ce qui, dans la présente dynamique de la vie, où le Créateur divin veut valider tous ses concepts à travers les êtres incarnés, est purement impossible.  Quant on tente de plaire davantage à autrui qu’on se plaît à soi-même, on agace tout le monde et on perturbe tout son univers, ne pouvant que régresser.  Avez-vous remarqué comment, au moindre changement, vous recevez l’assentiment des uns et la désapprobation des autres?  Cela démontre que, en raison de la diversité des goûts et des us et coutumes, il n’y a pas moyen de plaire à tout le monde.  Dans ce contexte, pourquoi ne pas toujours faire ce qui est conforme aux élans ou aux aspirations de son propre cœur?

       Pour le reste, qu’on se le tienne pour dit, je suis et je reste le seul maître à bord de mon babillard de «FB» comme sur mon site!  Dès lors, il faudra bien que, un jour, tous s’y fassent, m’acceptent comme je suis.


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  • L'esprit de compétition

    Par Bertrand Duhaime

    TOUTE FORME DE CONCURRENCE COMPORTE UNE PART DE RIVALITÉ, DONC D’AGRESSIVITÉ…

     

    On peut faire l’étude de la compétition sous plusieurs angles.  D’abord, une de ses formes, l’émulation désigne le désir d’égaler ou de surpasser les autres en mérite, en savoir, en travail ou autrement.  À ce propos, Sri Aurobindo Ghose a fait remarquer: «Il est absolument vain de se demander qui ou quel groupe arrivera le premier ou dernier au but. Le sentier spirituel n’est pas un champ de courses ni uCompetition-concurrencen concours pour que cela ait de l’importance. Ce qui compte, c’est l’aspiration qu’on éprouve soi-même pour le Divin, la foi qu’on a, l’abandon, le don de soi sans égoïsme. Les autres peuvent être abandonnés au Divin, qui guidera chacun selon sa nature.  Comme on dit, celui qui marche dans les pas des autres ne laisse guère de traces.»

     La compétition désigne la recherche menée simultanément par deux ou plusieurs personnes d’un même objet, d’un même avantage ou d’un même résultat.  Celle-ci entretient l’esprit de concurrence, même la rivalité secrète, amenant à voire partout des adversaires ou des opposants.  Dans la vie, il n’y a ni gagnant ni perdant, il n’y a qu’un humain en évolution.

    Puis il y a la concurrence qui exprime précisément cette compétition entre des êtres qui prétendant à un même avantage.  Elle se fonde sur une rivalité d’intérêts relative à un bien, à un bienfait ou à un bénéfice qui paraît enviable, mais reste limité, ce qui provoque une lutte pour déterminer les plus forts, ceux qui pourront s’en procurer la plus large part.  Qui donc a enjoint à l’être humain, si ce n’est lui-même, d’être performant, de se comparer aux autres, de les imiter, de les envier, de convoiter leurs biens, de les confronter comme s’ils étaient des rivaux?  Dieu ne lui demande rien d’autre que de se réaliser, au meilleur de ses connaissances et de ses moyens, dans toute son unicité, donc dans sa rareté, son originalité, dans cette part qui fait sa différence et le rend précieux, voire irremplaçable.  Et de s’accomplir de façon autonome et indépendante, donc libre.  Dieu seul, qui détient la seule autorité, connaît toute la richesse qu’il a un jour déposée en chaque être et qu’il l’appelle à découvrir, dans son rôle fonctionnel.  Or le Créateur appelle chacun à s’accomplir de son mieux, à sa propre idée et de sa propre manière.  Du reste, la concurrence induit subtilement dans l’hostilité, ce qui la rend diviseuse ou séparatrice et ce par quoi elle s’oppose à l’Ordre et à l’Harmonie du Plan cosmique.  Chacun n’est appelé qu’à être pleinement lui-même, à s’accomplir par ses propres moyens et à se mesurer uniquement à lui-même.

    Par ailleurs, la comparaison, une autre manière d’entrer en compétition, est si présente en chacun que la plupart se sentent importants s’ils peuvent se vanter des mérites de leurs connaissances, relations ou fréquentations.  Par la comparaison, un être rapproche deux entités pour établir un lien d’analogie afin de déterminer s’il l’apprécie ou pas.  Dans le domaine social, elle l’amène à estimer sa valeur à partir des autres pour détermine à qui il veut  ressembler, parce qu’il apprécie leurs valeurs, ou de qui il veut se démarquer, parce qu’il en déprécie les valeurs.  C’est un mécanisme psychique fondamental qui consiste à déterminer s’il peut se satisfaire de sa situation parce qu’il occupe une bonne position dans l’échelle sociale.  Il vise à améliorer, à l’alimenter ou à améliorer son estime de lui-même.  Il valide ses goûts et ses choix à partir d’une normalité extérieure pour mieux accepter ou déplorer son sort.

    En effet, une comparaison à l’avantage du commun des mortels peut lui permettre d’apprécier ce qu’il est ou de se donner l’impression d’être supérieur à ceux qui l’entourent, soit en tant qu’individu, soit en tant que membre d’un groupe. L’envers de la médaille, plus sombre, réside dans la constante menace qu’une comparaison en sa défaveur ne réussisse à saper son moral et à provoquer mésestime autant que frustration.  Un être qui n’est pas satisfait de son sort sera porté à se lancer dans l’émulation ou la compétition, pour satisfaire son ambition, ce qui peut autant dépersonnalisant qu’épuisant.  Celui qui tente de faire comme les autres, n’est plus lui-même, il ne suit plus sa propre voie.  Mais il peut y trouver le plaisir de s’améliorer et de progresser.  Toutefois, s’il manque de dynamisme vital, il sera porté à oublier son premier point de référence pour se comparer à des êtres d’une condition inférieure afin de s’économiser et de se consoler.  Mais il peut encore se mettre à discréditer ceux qu’il croit le dépasser pour diminuer leur valeur aux yeux d’autrui, tout en redorant son propre blason.  La comparaison lance dans la rivalité et elle finit toujours par éveiller une hostilité plus ou moins ouverte, comme c’est le cas dans l’exemple des «voisins gonflables» qui ne cessent de tenter de s’épater par leurs acquisitions.

                    Pour sa part, la rivalité représente la concurrence qui s’établit entre deux personnes qui prétendent à la même chose, éveille l’hostilité et provoque l’antagonisme, conduisant toujours à des disputes et à des contestations plus ou moins sérieuses.  Sémantiquement, l’hostilité évoque un sentiment qui exprime de l’opposition, donc qui révèle qu’un être agit comme un adversaire ou comme un ennemi, qu’on manifeste des intentions agressives.  C’est l’état de ce qui semble contraire ou défavorable à ses entreprises ou à ses intentions.  C’est aussi le caractère de celui qui se sent menacé et qui marque la volonté d’attaquer sans ménagement ou qui recherche la lutte, la provocation ou la confrontation.

    L’agressivité est un détournement préjudiciable de l’énergie vitale, qui ne demande qu’à être dynamique, créatrice, évolutive, apaisante.  Elle donne l’Évidence d’une énergie vitale mal dirigée qui passe par le plexus solaire, le centre du pouvoir et des émotions.  Elle se fonde sur une forme d’insécurité quelconque pour avoir été brimé ou menacé dans sa jeunesse et elle traduit une angoisse pour ne pas avoir trouvé un exutoire sain à des émotions refoulées.  Psychologiquement, elle consiste à choisir, de façon arbitraire, de se concentrer sur une idée limitative et destructive, en la gardant bien à la pensée et en se créant, à partir d’elle, un désir artificiel de s’imposer ou de se venger.  Tout désir artificiel agit contre nature, puisqu’il comporte une détermination qui pousse le corps et le mental à agir dans le sens d’un désir indu.  Le sujet ne tarde pas à subordonner tous ses autres intérêts à cette pensée dominante et il se meut en permanence dans la direction qui pourra le mieux répondre à son désir privatif.  Ce processus n’implique pas que ses intérêts: il en vient presque toujours à tenter de le rattacher à la source de son agressivité.  Toute agressivité découle d’un refoulement ou d’une entreprise antinaturelle que le sujet entretient en lui comme un idéal.  Il est beaucoup plus facile de revendiquer le droit à la colère que d’examiner en soi la faiblesse qui la supporte, le point vulnérable qui a vibré.  Toute offense, même réelle, ne peut légitimer une répression désordonnée, encore moins disproportionnée à la cause.  L’agressivité inclut le sentiment de pitié, la condescendance, le mépris, la rancune, l’impression de blessure.  Qui est agressif a été dérangé dans sa fausse perception de lui-même ou se sent bien coupable.  La véritable haine laisse indifférent.  Il ne faut pas haïr le fautif, mais réprimer la faute!

    Nul ne gagne à attiser l’agressivité d’autrui qui risque de dégénérer en menace sérieuse à son intégrité.  En pareil cas, il faut prendre de la distance et, en observateur, regarder avec compassion le trouble de l’autre en tentant de percevoir la situation de son point de vue, mais sans y participer.  Par exemple, on peut lui prêter une possible fatigue, uneCONCURRENCE1 réaction de défense maladroite ou immature, qui n’ont rien à voir avec soi.  Il s’agit de rester libre.  Puis, on élève son énergie au niveau du centre cardiaque pour envoyer de la lumière à son opposant.  C’est la seule position pour apporter une aide réelle.

    L’agressivité mûrie dégénère en haine, l’antithèse de l’amour, l’énergie d’ignorance qui n’a pas encore été touchée par l’énergie bénie et la sagesse de la Lumière divine.  Alors, persiste l’aversion ou la répugnance, un sentiment qui pousse à vouloir du mal et à se réjouir du mal qui arrive aux autres, surtout à ceux qu’on considère comme ses ennemis ou ses opposants.

    C’est ainsi qu’on peut comprendre que l’esprit de compétition sépare et divise au lieu d’unir.  Il est directement relié à la force de l’ego qui tente constamment de se déterminer supérieur à autrui et qui est prêt à prendre bien des moyens plus ou moins nobles pour le démonter.  Ainsi, il s’oppose au mouvement d’unification qui prévaut présentement sur la Terre et qui doit aboutir au sentiment généralisé d’Unité dans l’Absolu afin d’éviter la déchéance de l’humanité.


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    par Bertrand Duhaime

    L’attachement au passé est aussi stérile et sclérosant que la projection dans le futur, puisque ni l’un ni l’autre n’ont de réalité.  Ils ont le défaut d’extraire du présent créateur.  En effet, le passé n’est plus et n’appartient à personne, le futur n’est pas encore, alors, que reste-t-il pour vivre pleinement, si  ce n’est le moment présent?  Cette propension révèle qu’on ne sait pas s’actualiser dans l’immédiat et qu’on commence à vieillir.  Il s’agit d’un genre astucieux de fuite dans l’irréel, hors du moment où on peut passer à l’action et tout changer.  Il empêche de saisir vraiment ce qui est nouveau, avec ses avantages, et de le réaliser.  Personne n’est irrévocablement lié à son passé, quand seuls le remords ou la déception peuvent y retenir.  C’est un choix aussi vain qu’inutile pattachement-au-passéarce qu’on ne peut rien en ressusciter.  Il arrive qu’on se dise : «Si j’avais su», «Comme j’aimerais recommencer ma vie», «Avec tout ce que je sais maintenant, comme j’aimerais reprendre tel ou tel épisode».

    Mais comme cela est faux!  Dans la manière qu’on s’y est pris, on a répondu aux injonctions d’un moi inférieur inconséquent.  On manquait de maturité, ce qui ne s’achète pas, mais se gagne par l’expérience, à travers les réussites et les échecs.  Le passé est passé, on ne peut y revenir, alors il vaut mieux passer outre à ce qu’on y a fait ou négligé de faire.  Si on s’y est mal servi des principes de la Loi divine, c’est dans le présent qu’on peut en annuler les effets, les conséquences fâcheuses, en s’engendrant promptement, et avec résolution, de nouvelles idées-semences de nature à se préparer un nouveau destin.

    La Source divine ne tient pas compte du passé, un temps dépassé, concevant tout dans l’Instant éternel.  Elle ne punit jamais parce qu’elle ne juge jamais.  Elle laisse les principes qu’on a mis en mouvement agir.  Mais chacun peut, à tout moment, rétablir le cours de sa vie.  Dans ce contexte, la Création représente comme l’immense bobine d’un film infini que chaque entité incarnée aborde à sa manière, image par image, du point de vue de son parcours évolutif, selon ce sur quoi il centre sa conscience.

    Ainsi, dans la Grande Vie, il n’y a jamais rien à regretter ni à refaire.  Tout arrive pour une raison.  Alors, tout était parfait, voire nécessaire, pour augmenter le savoir et le potentiel d’être.  La preuve en est qu’on n’a pas agi autrement.  Si on avait su mieux, c’est ce qu’on aurait fait sans se forcer.  Alors, il faut croire qu’on n’était pas encore convaincu du savoir qu’on avait acquis par l’expérience.  Il faut admettre qu’on ne savait pas vraiment.  Il faut bien expérimenter quand, par l’oubli qui se produit au moment de l’incarnation, on est forcé d’avancer à tâtons pour rouvrir sa conscience.

    C’est aujourd’hui, ici et maintenant, qu’il est temps d’agir ou de recommencer, avec ce que l’on sait.  Tout de suite, au présent, dans l’immédiat.  Jusque là, on n’a que consolidé ses fondations.  C’est maintenant qu’elles sont plus solides qu’on peut pousser plus loin la construction de l’édifice de sa vie.

    Jorge Luis Borges, un écrivain argentin du dernier siècle a dit avec pertinence : «Le présent est indéfini, le futur n’a de réalité qu’en tant qu’espoir présent, le passé n’a de réalité qu’en tant que souvenir présent.»  Effectivement, le passé réfère au temps révolu, à ce qui est devenu stérile, désuet, anachronique.  Ainsi, la connaissance du passé peut éclairer le présent et aider à orienter l’avenir, mais on ne peut le ressusciter.  Même que ceux qui rejettent leur passé sont portés à répéter leurs erreurs.  Mais, il est inutile de s’y projeter inutilement pour s’y complaire, ce qui dénote qu’on ne sait plus s’ajuster au temps présent et qu’on prend du recul au niveau de l’actualisation.  Celui qui vit davantage dans son passé que dans son présent, s’y accroche, ne peut que s’étioler et mourir, à défaut de se situer dans l’élan spontané et créatif du moment présent.

    La réalité ne réside pas dans son passé, mais dans l’expérience du moment présent.  Personne n’est son passé, ce qu’il a fait, dit, pensé, ressenti hier ou plus avant.  Celui qui s’identifie à son passé s’empêche de découvrir de nouveaux aspects de lui-même et d’offrir une nouvelle version ou un nouveau prototype de lui-même.  Le passé s’enregistre dans l’esprit tandis que le corps vit le présent et que l’âme prévoit le futur.  Mais c’est dans le présent qu’un être peut se renouveler en s’appuyant sur ses expériences passées et en s’ouvrant au futur.  Nul n’est invité à oublier son passé, mais à changer son avenir.  Le pire qui puisse arriver, c’est d’oublier les leçons des phases antérieures de sa vie et d’agir comme si elles n’avaient pas d’importance.

    Chacun change en évitant de répéter certains comportements involutifs, éclairé par ses expériences antérieures.  Mais lorsqu’il décide de ne plus répéter certains comportements du passé, il faut cultiver le lâcher prise.  Laisser aller ne signifie pas oublier son passé, mais y renoncer, cesser de s’accrocher à lui, ce qui amène à la noyade.  Chacun gagne à arrêter d’avoir recours à son passé pour rester à flot dans les idées qu’il se fait de qui il est.  Rien n’arrête plus sûrement sa croissance spirituelle que de se désoler de son passé ou de se complaire en lui, de s’asseoir sur ses lauriers.les-trois-temps

    Un être est porté à se projeter dans son passé par manque de discipline émotionnelle, aimant repasser les événements heureux ou malheureux qu’il a vécus parce qu’il n’est pas pleinement satisfait dans le présent par manque de créativité.  Mais c’est une perte de temps et un risque.  C’est une perte de temps parce que le passé ne peut renaître et que le temps qu’on y pense, on perd l’essentiel de l’instant présent dans des circonstances dépassées qu’on retient de façon malencontreuse dans son psychisme.  C’est ainsi qu’on développe une personnalité stagnante ou aigrie, devenant un désemparé émotionnel.  À trop penser à son passé, on se crée des joies factices et désuètes, on se déphase et on se fait inutilement du mal à soi-même.

    Certains développent même une paranoïa parce qu’ils en viennent à craindre que le passé ne se reproduise.  Qui ne connaît pas de ces gens âgés qui, pour avoir vécu des faits troublants ou pour avoir trop écouté les nouvelles des médias, deviennent très suspicieux, ressassant des nouvelles de vol, de viol, d’escroquerie et de meurtre et se barricadent chez eux.  Ils amènent leurs croyances à se renforcer que la plupart des gens ne sont pas dignes de confiance et viennent chez eux pour les espionner et prépare des plans menaçants.  À trop creuser son passé, on en vient à se souvenir plus du mal que du bien et on perd son sens de l’invention.

    Puisque la pensée créée, on doit choisir soigneusement les événements dont on veut se souvenir et ceux que l’on veut écarter.  Repasser les erreurs du passé n’y changera rien.  Et quand on parle du passé, on inclut le passé récent.  Continuer à penser à son passé, même récent, peut interférer dans le présent.  Et si on laisse le passé interférer dans le présent, il interférera dans le futur.  Un bonjour, il faut décider de ce qu’on veut garder vivant dans sa mémoire.  En oubliant les faits pénibles du passé. On se prépare à mieux affronter les autres épreuves qui peuvent toujours surgir si on manque de conscience.  En les entretenant, on se forme une mentalité défaitiste, fataliste et on se désespère.

    Il n’est pas facile de laisser aller le passé, surtout ses aspects sombres, mais, une fois qu’on a changé cette habitude délétère de trop regarder en arrière, on dirige mieux sa vie, on avance dans une plus grande sérénité, on se crée un meilleur avenir.  De toute manière, il est vain et ridicule de se désoler de son passé, d’y penser comme si on pouvait le reprendre, de s’en plaindre en croyant qu’on aurait pu faire mieux.  Ce qui est fait et fait et il faut vivre avec.  Quoi qu’on eût tenté de faire, les choses n’auraient pas tourné mieux pour soi, car il y avait quelque chose à apprendre qu’on ne connaissait pas, qu’on a dû apprendre, qui a fait ce qu’on est devenu.  On a exercé de nouveaux potentiels ou on a pu reconnaitre certaines de ses faiblesses.

    Le passé ne peut aider que si on se rappelle ses moments de succès pour éveiller sa mémoire, sa faculté créative et évolutive.  On doit bien se garder de se culpabiliser de ne pas être devenu autre chose que ce qu’on est, car c’est se déprécier et se ralentir dans l’étape suivante qu’il faudra franchir.  Alors, on se désole de ce qu’on n’est pas encore devenu mais qu’on peut devenir.  Le bagage des expériences qu’on a menées jusqu’à ce jour représente l’enseignement pour lequel on avait choisi de naître.  Qu’on le qualifie de bon ou de mauvais, il compose son être et il a servi à dévoiler son but.  Si on repense à son passé pour s’en rappeler les échecs, on projette ses limitations antérieures dans ses relations présentes.  Alors, si on désire revenir sur son passé, que ce soit pour penser aux moments où on était heureux,  créatif, plein d’amour, débordant de puissance, vibrant de force.

    Une des raisons de l’échec personnel, c’est la propension à s’intéresser davantage à ce qu’on a vécu dans son passé qu’à ce qui est devant et à ce qu’on peut en faire.  Évidemment, une grande partie de l’expérience passée peut servir à quelqu’un, mais, s’il pouvait s’appliquer jour après jour aux tâches qu’il doit assumer, il réussirait mieux sa vie, développant une plus grande satisfaction qu’à attendre des occasions qui peuvent ne pas se présenter.  Ceux qui oublient complètement leur passé peuvent répéter leurs erreurs, mais ceux qui s’y projettent constamment s’enterrent de leur vImage22ivant.  Plus on estime et apprécie son passé pour ce qu’il est, plus on s’ouvre à l’intuition dans le présent et mieux on prépare son futur.  Mais il y a une marge entre se souvenir de son passé et s’y complaire.  L’un éclaire tandis que l’autre enlise.

    Toutefois, au lieu de se désoler de son passé ou de le déplorer, on gagne à le situer dans une nouvelle perspective et à l’imprégner de vibrations d’amour.  On y parvient en l’acceptant tel qu’il s’est déroulé, en reconnaissant les qualités d’âme qu’on a développées ou les potentiels qu’on a activés dans les moments pénibles, en reconnaissant qu’on a agi au mieux de ses connaissances et de ses moyens d’alors.  C’est par son passé qu’on est devenu ce qu’on est présentement.  Et si on n’est pas satisfait de ce qu’on est devenu, on peut commencer à se changer dès maintenant afin de devenir ce qu’on veut devenir.  Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.  Hélas, beaucoup aiment ramener le passé comme excuse ou comme modèle de ce qui pourrait survenir dans l’avenir.  Et c’est ainsi qu’ils régressent au lieu de progresser.

    Dans la Thora, devenue la Bible, on parle de la femme de Loth qui, se retournant pour voir la ville de Sodome brûler, que les foudres du ciel venaient de frapper, devient une statue de pierre.  En spiritualité, le fait de regarder en arrière évoque l’habitude de faire un retour sur son passé, un comportement qui amène à se scléroser, à se fossiliser, en amenant à vieillir de façon prématurée.  Quand on pense que son passé apportait plus que le présent n’offre, c’est qu’on ne comprend rien à la vie qui se transforme sans cesse, pour le mieux, projetant vers l’avant, non vers l’arrière, forçant à s’ouvrir au changement et à la nouveauté!


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  • Le sourire

     

    Par Sandrine VAN PARIS

     

     

    Merci.


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